vendredi 30 décembre 2011

Du yoga en antarctique


Un post un peu plus léger pour ces fêtes de fin d'années. Que mes
lecteurs ne m'en tiennent pas rigueur, mais cette photo m'a rappelé
une anecdote amusante... Alors voilà...
Parfois en Antarctique on s'ennuie. On saute donc sur des nouvelles 
activités qui peuvent se présenter : faire la cuisine, tenter de 
pêcher d'affreux poissons pour la science, apprendre à souder, 
apprendre à compter les manchots…
Cet hiver, Mickael notre technicien météo, m'a proposé de participer 
à une séance de Yoga avec d'autres personnes. J'ai tout de suite 
accepté mais ce fut comment dire... un échec retentissant.
Installés sur nos tapis de sol au « séjour » entre le billard et le 
baby-foot, Il suffisait de reproduire très appliqués les figures 
ancestrales qu'exécutait notre maître, Mika. Derrière lui, les 
grandes fenêtres de notre salle de loisirs nous renvoyaient le 
spectacle grandiose du glacier, des icebergs et de la banquise se 
découpant sur un horizon rose-orangé. L'ambiance était parfaite et 
Je sentais « la zenitude » monter en moi.
Le soleil achevait de nous rendre sa courte visite hivernale quand 
arriva opportunément la figure dite de « la salutation au soleil ». 
En position de fente avant, il fallait ramener la jambe arrière d'un 
mouvement vif et élégant pour se retrouver bien droit en joignant 
les bras vers le ciel.
Étais-je trop détendu, mes chakras étaient-ils trop ouverts ? 
Toujours est-il qu'au cours de ce mouvement un peu brusque, un bruit 
sourd retentit dans le silence religieux et concentré de l'assemblée 
yogi. Mon sobre « oh pardon ! » ne faisait qu' attirer l'attention 
de ceux qui ne l'avaient pas entendu ou ceux qui s'interrogeait 
encore sur son origine.
La figure fût répétée et le bruit, bien malgré moi, également .Ce 
fut fatal. Je tentais d'étouffer un fou rire pendant plusieurs 
minutes, qui finalement se propagea progressivement à toute 
l'assemblée, en brisant à jamais la sérénité de cette séance de Yoga 
polaire.
Je n'ai plus jamais participé à ces séances de contorsion, qui 
semblait pourtant si bien me détendre.
"Oh pardon" encore pour cette petite histoire...

jeudi 22 décembre 2011

Croire au Père Noël en Terre Adélie

Un petit dessin pour souhaiter à tous de bonnes fêtes de Noël depuis
la Terre Adélie.

Et oui, croire au Père Noël en Terre Adélie c'était croire que
l'Astrolabe, notre bateau ravitailleur , arriverait avant le 25
décembre à la base de Dumont d'Urville en dépit des conditions de
glace très difficile cette année au large comme autour de la base.
Même les vents forts des jours derniers, n'ont pas réussi à «
l'éparpiller façon puzzle » comme dirait le regretté Michel Audiard.

Le pari est presque gagné car ce soir, on aperçoit ce soir
l'Astrolabe à 8 km, pas très loin du Rocher du Débarquement où Dumont
d'Urville posa la première fois le pied en Antarctique au 19ième
siècle. Il est à la limite de la zone d'eau libre bordée par une
banquise très épaisse.

Il faut comprendre que l'Astrolabe n'est pas un brise-glace et il ne
peut casser une banquise de plus de 50 cm d'épaisseur. Il n'a plus
comme solution que de se faire traîner sur la glace par une grande
armée d'empereur.

Rassurez vous l'hélicoptère ne va cesser de voler pendant quatre
jours pour débarquer les 30 personnes supplémentaires dont nos
remplaçants et l'important chargement.

Demain il y aura un repas de Noël avec près de 100 personnes.Un barbu
(ouf je ne le suis plus! ) sera réquisitionné pour s'habiller en
rouge et distribuer des cadeaux, qui n'ont pas été amenés par
l'Astrolabe, mais qui auront été confectionnés avec les moyens du bord.

lundi 19 décembre 2011

Des avions tout-terrain

J’ai retrouvé en Antarctique un avion que j’avais souvent emprunté en Guyane. Il s’agit du Twin Otter, ce petit avion d’une grande fiabilité que l’on retrouve dans les endroits les plus reculés du globe depuis plus de 40 ans.

La raison est qu’il est très rustique et polyvalent. C’est un avion à décollage court qu’on équipe aussi bien de roues, que de patins, ou même de flotteurs. En 5 minutes, vous transformez aussi cet avion de 18 places, en un avion de fret en repliant les sièges le long des parois. Enfin, il y a des boulons et rivets tous les centimètres. Bref, c’est du solide !

Il s’est récemment posé sur la banquise à coté de l’Astrolabe, notre bateau ravitailleur bloqué dans les glaces depuis 1 mois, pour apporter des vivres et ramener les personnels tant attendus sur la base. C’était une première. La piste avait été balisée avec des sacs-poubelles orange et l’avion s’est posé cahin-caha après plusieurs survols, sur une banquise très accidentée. Aussitôt en sortant de la carlingue les pilotes ont rassuré les futurs passagers: « don’t worry, we are professionnal »* .

En Antarctique, il faut bien comprendre que les avions ne sont présents qu’en été, car les conditions climatiques rudes, et la nuit polaire ne permet aucun vol de mars à septembre. Devinez d’où viennent ces avions qui volent autour en Antarctique ? Très étonnamment, de l’Arctique !

Étant donné que dans le Nord canadien les avions ne peuvent pas voler en hiver pour les mêmes raisons et que les saisons sont inversées entre les deux pôles, une société rentabilise intelligemment ses pilotes et ses Twin-Otter en les transférant du Nord au Sud au cours d’un voyage peu banal.

En plusieurs étapes, une petite escadrille de 3 Twins traverse le continent américain dans toute sa longueur en passant par les Antilles, puis en longeant la cordillère des Andes jusqu’à une dernière escale au Chili à Punta Arenas. Puis, c’est la traversée dangereuse entre le Cap Horn et une base de la péninsule Antarctique où l'on  remplace  les roues par des patins. Finalement, ils traversent ensuite notre 6ième continent en faisant une halte à la station du  pôle Sud, pour rejoindre les stations proche de la Mer de Ross qu’ils vont desservir pendant  4 mois : Mac Murdo, Terre Nova, Dumont d’Urville  et Concordia.

 

Entre ces deux dernières  bases, il existe une des  stations-service les plus paumées de la planète. Une fois posé au lieu-dit « D85 », le pilote n’a plus qu’à glisser sa carte Bleue dans le distributeur, taper son code  et attendre la voix métallique qui annonce « vous pouvez vous servir vous en Kérosène sans plomb 95 à la pompe numéro un »… Je plaisante évidemment. Il ne s’agit que de quelques fûts et d'un tuyau dans un simple conteneur au milieu du désert de glace. Pas même un cahier pour écrire difficilement avec ses moufles « Tango Alpha 61 a pris 300 litres de kéro le 12 décembre ».

En Guyane, le Twin-Otter assure la liaison quotidienne entre Cayenne et Maripasoula. On le retrouve également sur certaines lignes intérieures du Surinam, le pays frontalier. Ainsi, à une heure de pirogue de Maripasoula, sur la petite piste en herbe et cahoteuse de Lawa-Tabiki se bousculent tous types d’avions à décollage court en partance et en provenance de la ville de Paramaribo. Cette destination est très prisée par les noirs marrons et même les amérindiens car ils ont coutume d’aller faire des achats dans la capitale du Surinam bien mieux achalandée et bien meilleur  marché que Cayenne, la ville endormie.

La sécurité est très limite : pas de contrôle aérien, pas de tour de contrôle, pas de copilote, et la navigation s’effectue à vue à travers les averses tropicales. Pendant mon séjour, deux crashs aériens avaient eu lieu avec des Antonov An-14. Sept personnes d’une même famille du village Antecume Pata avaient disparu, marquant profondément  la communauté amérindienne.

Les vols sont pittoresques. Je me rappelle avoir entendu des poules glousser quelque part dans l’avion avant le décollage. En vol, le bruit assourdissant du moteur couvrait largement leurs bruits et rendait même les conversations difficiles. De toute façon, mon voisin de gauche était un petit réfrigérateur.

L’embarquement à Paramaribo était aussi très cocasse. Après avoir acheté notre billet forfaitaire de 100 kilos, nous devions monter sur le plateau d’une grande  balance avec tous nos bagages ou nos sacs de course. Un homme avec la complicité de la compagnie rachetait alors les kilogrammes que vous n’aviez pas « utilisés » pour les revendre aux enchères dans une ambiance  bien moins policée qu’une salle de vente Parisienne. Pour tout vous dire, c’était une véritable foire d’empoigne !
*« Ne vous inquiétez pas, nous sommes des professionnels »

Merci à Jean-Benoît pour la photo du Twin Otter se posant à côté de l’Astrolabe et à Sylvain pour la photo de « D85 » (Kilomètre 85 sur la piste du Raid motorisé vers Concordia).

samedi 10 décembre 2011

DSK en Antarctique


Non, je ne vais pas vous parler de l'exil de l'ancien  président du FMI sur la base française de Terre Adélie en tant que chef de district.
DSK serait déçu. Les soubrettes, c'est nous ! Et même lui, puisque le ménage, le service à table et la vaisselle sont faits par toutes les personnes sur la base à tour de rôle, quelle que soit sa fonction !
Non ! je vais vous parler un peu d'information et comment nous percevons l'actualité qui nous parvient ici, en particulier cette interminable affaire DSK...
Inutile de vous rappeler que nous n'avons pas accès à internet  et que les nouvelles nous parviennent au compte-gouttes via des dépêches AFP, ou des articles envoyés par les familles de certains hivernants.
Avant de partir en Antarctique, je compulsais fébrilement internet plusieurs fois par jour pour m'informer. J'ai lu par la suite que cette addiction était une manifestation d'anxiété autoentretenue alors je m'étais calmé. Depuis mon arrivée en Terre Adélie, le sevrage total du web s'est bien passé, mais je garde un œil sur l'actualité en faisant partie de la liste de diffusion des articles reçus sur la base.
Il paraît qu'au retour d'hivernage, on ne s'intéresse plus trop à l'actualité. C'est vrai qu'on relativise vite les soubresauts du monde. C'est une expérience que beaucoup ont déjà vécu en partant en vacances  à l'étranger sans accès à internet ni à la presse. Au retour, la terre continue de tourner, le monde  de consommer en polluant, les politiciens de faire de la politique et les journalistes de polémiquer en voyant des complots partout.
Je lisais récemment un éditorial de Serge Raffy du Nouvel Observateur qu'on m'avait envoyé.  A propos  de l'affaire DSK et du « Bois de Boulogne-gate », il s'interrogeait gravement : « L'interpellation de DSK en 2006 a-t-elle été communiquée à Jacques Chirac, alors Président de la République ? Quels que soient les torts et les dérives de Dominique Strauss Kahn, il est indispensable que toute la lumière soit faite au plus vite sur cet obscur "incident du Bois de Boulogne". »
Mon dieu que le retour va être dur… Suis-je tant en décalage que ça pour trouver cette histoire incroyablement futile et sans intérêt ? Je m'inquiète… Est-ce normal que je trouve cela  beaucoup moins important que l'événement qui vient de m'arriver sur la base ? 
C'est la deuxième fois que quelqu'un sort mon linge de la machine à laver et le pose tout mouillé dessus comme une grosse méduse, sans le mettre dans l'essoreuse ! Ce sont les campagnards d'été nouvellement arrivés… C'est sûr ! Et je suis pas loin de penser que c'est une conspiration contre moi ! Quels que soient les torts et les dérives du « Doc » de ne pas surveiller ses machines à laver, il est indispensable que toute la lumière soit faite au plus vite sur cet obscur « incident de la laverie de la base de  Dumont d'Urville de Terre-Adélie ».

mercredi 7 décembre 2011

Prédateurs tachetés


Un séjour en antarctique n'est pas sans danger, vous l'imaginez bien.

Les risques qui prédominent dans ces paysages inhospitaliers sontbeaucoup moins liés à la faune importante qui nous entoure qu' aux rudes conditions climatiques et à la glace si sournoise.
Le passage à travers une banquise fragile dans une eau inférieure à 0° est le danger le plus courant. Sortir de l'eau seul est très difficile car on ne peut s'appuyer sur les bords de la glace sans la casser un peu plus.
Se perdre dans un « whiteout » parfois à quelques mètres d'un bâtiment est aussi un classique qu'on aime raconter mais rare. La visibilité devient alors nulle par la neige et le vent et cette perte de repères est telle, que certains ont du mal à tenir debout ou ressentent une sensation de mal de mer.
Fréquenter trop près le glacier et les icebergs est à nos risques et périls. Leur caractère figé est bien trompeur car des pans de glace de plusieurs tonnes peuvent s'écrouler sans prévenir.
Sur le continent, les crevasses masquées par des ponts de neige sont des pièges redoutables pour les marcheurs et les engins mécaniques. Un de ces tracteurs à chenille repose d'ailleurs au fond d'une
crevasse à côté de la base depuis quelques années. La crevasse s'est depuis refermée et le glacier poursuit sa lente progression vers la mer... Peut-être le distinguera-t-on un jour à travers la glace translucide d'un iceberg à la dérive…
A la différence de l'Arctique où l'ours polaire est un danger omniprésent sur la banquise L'environnement animal autour de notre base est plutôt paisible. Chez nos biologistes, les accidents de travail originaux que j'ai pas osé déclarer cette année sont un hématome provoqué par un coup de bec d'un oiseau, un coup d'aileron
de manchot et une morsure de phoque.
Il y a pourtant en Antarctique un prédateur dont on ne se méfie pas assez. Il s'agit du léopard des mer. Cet animal qui ressemble à un phoque, est un carnassier mangeur de manchots et moins un amateur de
poissons comme son cousin. Lorsque la banquise disparaît, il rode invisible le long de ses berges pour se saisir de ses proies à peine ont-elle mis le pied sur la glace. En effet, ces nageurs vifs et rapides deviennent soudainement des marcheurs nonchalants très vulnérables. Son menu de choix reste les jeunes manchots encore duveteux, se mettant à l'eau pour la première fois à la fin de l'été austral.
Mais ce prédateur quand il patrouille le long des berges se dit parfois que ces très grands bipèdes aux couleurs si vives pourrait constituer un repas bien copieux. Certains se sont fait déjà peur en s'approchant un peu trop près des bords de la banquise. Il jaillit hors de l'eau en s'échouant lourdement sur la berge de la banquise pour tenter de vous saisir. Une fois sur la glace, le dandinement de ses 350 kg est bien insuffisant pour vous rattraper heureusement.
Il y a quelques années, un hivernant marchant tranquillement sur une banquise peu épaisse s'est fait une grosse frayeur. Un Léopard d'un coup de tête, a transpercé les 15 cm de glace et a saisit sa botte grand froid. Plus de peur que de mal et un retour à la base à cloche pied sans sa chaussure. À la base Dumont d'Urville, nous
restons donc sur nos gardes bien qu'aucun accident sérieux n'ait eu lieu. Dans tout le continent antarctique, on ne lui attribue qu'un décès par noyade d'un plongeur scientifique en 2003.
L'origine de son nom vient certainement de son caractère de prédateur et de son pelage tacheté comme ces félins des régions tropicales.

En Guyane, le félin le plus connu est le jaguar. Il a plutôt peur de l'homme, mais les amérindiens s'en méfient car il s'attaque volontiers à leurs chiens de chasse. Cet animal n'en demeure pas moins pour eux un animal sacré et fait partie de leur mythologie. Il est souvent représenté sous forme symbolique dans leur art et
leurs peintures corporelles de cérémonie qu'on voit hélas de moins en moins.
L'autre menace de cet animal, dont les amérindiens ont moins conscience est son implication dans une maladie qui s'appelle la « Toxoplasmose Amazonienne ». Vous connaissez sans doute la toxoplasmose que l'on rencontre en Europe. Celle maladie transmise par le chat est seulement dangereuse chez la femme enceinte et les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Dans la forme amazonienne, il s'agit d'une souche très agressive donnant souvent des formes graves ou prolongées quelle que soit la personne. On soupçonne le jaguar d'être le félin, à l'instar du chat, qui dissémine ce parasite microscopique dans la nature et que l'on
attrape en mangeant du gibier sauvage. Ce n'est pas exceptionnel puisque j'avais eu l'occasion d'en prendre en charge une demi-douzaine au centre de santé de Maripasoula en 3 ans.

Pour finir ce « post » je dirais que les premiers naturalistes polaires devaient être plus nourri de récits d'aventures africaines qu'américaines car les jaguars sont un des rares félins à aimer l'eau. Ils se baignent régulièrement et pêche même à l'occasion. Je trouve donc que le « Jaguar des mers » aurait été plus approprié et mon parallèle avec la Guyane dans ce blog, encore plus pertinent !

Photo du jaguar : Capture d'écran d'un extrait du reportage « passion sauvage en Guyane » de Nicolas Jouvin
Photo du léopard des mers : Merci Guillaume!

samedi 3 décembre 2011

Antarc-tique et autres insectes

Eh oui, il y a des insectes en Antarctique ! Je ne parle de pas des fameux tardigrades, ces insectes qui vivent sur la calotte glaciaire du Groenland et jouent à "Hibernatus" tous les hivers pour vivre pendant l’été dans les rivières (les bédiaires) qui se forment lors de la fonte. Je ne sais pas s’il y en a sur ce continent.

Non, non ! Je parle des insectes, ceux qui nous embêtent vraiment, nous piquent, nous effraient et bourdonnent à nos oreilles …Je croyais m’en être débarrassés définitivement en quittant la Guyane pour ce continent givré.  Je m’étais trompé.

Dans la forêt amazonienne, la biodiversité est telle que des espèces sont découvertes régulièrement. J’avais cru, une fois, au Centre de Santé de Maripasoula pouvoir donner mon nom à un insecte extrêmement bizarre parmi tous ceux qui nous rendaient visite  toutes les nuits attirées par la lumière. Même les personnels locaux du dispensaire n’avaient  jamais vu cette bestiole. Il ressemblait à Dark Vador rampant avec sa cape de carnaval couvert de paillettes… Après des recherches sur Internet,  j’apprenais avec déception qu’il était déjà connu et avait déjà un nom moins poétique que le papillon « darkvardora ducrotus à gros pif » que j’envisageais. Il s’appelait en fait  le Fulgorne porte lanterne ou encore "mouche cacahuète" ou "Rhinocéros Bug" pour les anglo-saxons !

En Terre Adélie, certains sont bien venus me montrer des boutons au cours de l’hivernage. « Regarde, je me suis fait piquer cette nuit...». «Mais bien sûr... et la marmotte replie le papier d’aluminium autour du chocolat… » (cf. la pub mythique de Milka, je crois)
Certes, il y a forcément eu déjà des passagers clandestins dans ces malles venant de France mais bon…Leur survie et leur reproduction a dû être difficile.

Je fais une petite parenthèse pour rappeler en tant que toubib les exceptionnels cas cliniques de paludisme provoqués par des insectes voyageurs. Par exemple, cette grand-mère qui n’a jamais quitté sa Bretagne natale mais piqué par le moustique Anophèle, libéré de la valise de son fils arrivé quelque temps auparavant d’Afrique. Autant vous dire que ce diagnostic n’est pas facile et l’issue parfois fatale.

Non, point d’insectes en situation irrégulière à Dumont d’Urville !

Je ne parle pas non plus des acariens que l’on trouve peut-être dans certains lits de la base... D'ailleurs, avant d’écrire ce post, j'en ai  cherché, en vain, sur mes draps aidé de mon microscope… Non, des "vrais" qui vivent au contact du froid polaire et non, dans le doux climat tropical de nos lits.

Il y a quelques jours avec des scientifiques, j’ai participé à une « manip » sur des phoques. Il s’agissait de leur mettre un « tag », une sorte de bague sur leurs nageoires. En manipulant leurs doigts palmés couverts de poils, nous avons remarqué de toutes petites boules. C’était des tiques! Nous en avons récupéré trois dont deux sont pris en photo ci-dessous. En fait, dans un article sur la faune en Antarctique, j’avais lu l’existence de ces insectes, mais je ne pensais pas en voir.

Cela reste un grand mystère de savoir comment ces tiques résistent au froid ambiant et aux plongées des phoques de Weddel qui peuvent descendre jusqu’à 1000 mètres de profondeur…Je suis perplexe.

Transmettent-ils aussi des maladies aux animaux comme le font les tiques de nos campagnes à l’animal et à l’homme et la fameuse maladie de Lyme ? Pourraient-ils transmettre ces maladies à l’homme entraînant ce qu’on appelle une « zoonose » ?  J’attendrai mon retour pour essayer de trouver une publication sur le sujet.

[Merci à Laura pour ta photo de la Mouche Cacahuète que je me permets d’utiliser sans te demander ! In mémoriam du chien de  Johanne…]