mercredi 30 novembre 2011

diagnostic d'une éclipse partielle de Soleil en Antarctique

Il y a quelques jours nous avons assisté à une éclipse partielle de soleil en Terre-Adélie. Nous avions eu la chance également pendant l'hiver d'avoir le plaisir de voir une éclipse de lune pendant l'hivernage.
Je rappelle que dans le premier cas c'est la lune qui passe devant le soleil et dans le deuxième c'est l'ombre de la terre qui masque la lune.

En 1999, je m'étais rendu dans une ville en France située dans l'étroit couloir ou l'on pouvait voir l'éclipse totale de soleil .J'étais dans un quartier résidentiel où il y avait beaucoup d'arbres et d'oiseaux. Le plus impressionnant avait été le silence des volatiles pendant les quelques minutes d'obscurité.
Je suis curieux de savoir comment auraient réagi les manchots Adélie qui nichent tout autour de nos bâtiments. Il jacassent sans arrêt, 24 heures sur 24 sous nos fenêtres. Il n'y a plus de nuit actuellement, le soleil se cachant juste derrière l'horizon vers 2h du matin.
Cette courte nuit de quelques minutes aurait eu de quoi les étonner. C'est certainement arrivé et je ne sais pas si sur Google on peut trouver des témoignages. J'attends vos commentaires !

Pour regarder une éclipse, il faut rappeler qu'il faut extrêmement protéger ses yeux sous peine de risquer des lésions irréversibles de la rétine. Les lunettes de glacier étant une protection insuffisante et n'ayant pas les lunettes ad hoc, une bonne solution est de regarder à travers la partie la plus opaque sur le coté des
radiographies médicales comme sur la photo.

J'avais posté la photo sur Facebook auparavant et un ami médecin m'avais mis un commentaire : « ce ne serait pas une luxation du lunatum sur la radio ? ». Oups ! J'ai vérifié la radio. Non c'était bien de l'humour. Le lunatum ou os semi-lunaire, et donc ressemblant étrangement à l'image du soleil à travers la radio, était bien à sa place dans la main. En plus, c'était ma main que j'avais radiographiée pour tester le développement, il y a quelques mois. Je n'étais pas passé à côté d'un diagnostic !

jeudi 24 novembre 2011

Retrouvailles avec Arthur mon alter ego



Cet après-midi, j'ai aidé Sophie et Agnès, deux des ornithologues  de la base, à compter des manchots Adélie sur l'une des îles de l'archipel. Équipé d'un petit compteur manuel, on fait le tour des différentes colonies et l'on doit compter chaque couple reproducteur, c'est-à-dire en général un mâle et une femelle sur son nid de cailloux. La densité est  évidemment  importante comme on le constate sur des photos de l'archipel des Pétrels en été. 

Cette tâche est aussi fastidieuse et ingrate que de compter des arbres dans la forêt guyanaise  ou des globules rouges sur un étalement de sang au microscope ! Mais voilà c'était sympa parce qu'il faisait enfin  beau depuis plusieurs jours, nous étions au sommet d'une île avec une magnifique vue sur la manchotière, l'archipel, le continent, le glacier et la banquise.

Impossible d'y distinguer l'Astrolabe, notre bateau ravitailleur coincé à plus de 280 km de la base et  isolé de nous car les hélicoptères ne peuvent plus voler à cause d'une panne et de la trop longue distance. Par contre, on pouvait apercevoir un petit point noir au sommet de la  calotte glaciaire. Il s'agissait du premier avion de la saison qui avait pu venir par cette météo clémente de Terra-Nova, la base italienne, et se poser sur la piste  dite « D10 » (10 km de la côte).

Après avoir déposé 5 nouveaux habitants, il décollait dans la foulée pour aller larguer près de l'Astrolabe la pièce de réparation d' hélicoptère mais aussi quelques vivres : des pâtes et du riz ! La durée de cette rotation R0 de plus d'un mois commence à rendre les menus du bord un peu frugaux. 

Cette sortie dans les rochers de l'île  « Jean Rostand »  m'a permis de retrouver avec joie Arthur, le manchot Adélie roux dont j'avais parlé dans un post précédent lors de la campagne d'été 2010-2011. Ce mutant remarquable se trouve faire partie  de ce que les ornithologues appellent «  les glandeurs ». Ces manchots qui traînent  autour ou dans les colonies, mais qui ne sont pas en couple.

Roux, célibataire, au sein  d'une "colonie" dans l'archipel des Pétrels, la comparaison avec mon alter ego s'arrête là car en ce moment je ne suis loin d'être un « glandeur ». Ma roulette de dentiste chauffe pas mal, la collection été-automne des virus 2011 avec l'arrivée avec les 25 nouvelles personnes sur la base. Les visites de fin d'hivernage commencent et la préparation logistique médicale du Raid et de l'ouverture de la base annexe Cap Prud'homme, m'ont beaucoup occupés ces dernières semaines. 

lundi 14 novembre 2011

Le quad sous toutes les latitudes


J'ai découvert les quads en Guyane mais je ne m'attendais pas en trouver en Antarctique. Ce véhicule connaît un succès croissant  aussi bien dans les activités de travail que de loisirs.

 En Guyane, c'est le véhicule des orpailleurs. On passe partout dans les chemins de terre jusqu'aux sites les plus reculés. Très puissants, ils servent à ravitailler les sites en essence, vivres et personnels. Pour se rendre à Benzdorp, un village « brésilien » au Surinam au milieu de la forêt, 5 à 6 personnes peuvent monter sur ce qu'ils appellent une « moto », traverser des zones inondées d'1 mètre de boue, gravir des pentes à 30 % aucun problème ! Au Centre de Santé de Maripasoula, nous en étions également équipés pour  toutes les activités logistiques.

A la base Dumont d'Urville, il sert à des petites manutentions et complète les  plus gros véhicules à chenilles de la base : Le Morooca, le Muskeg , le Challenger… En hiver, on remplace les roues  par des chenillettes et voici un véhicule bien plus polyvalent que le scooter des neiges. On peut y adjoindre une remorque et transporter le lourd matériel qui sert pour certaines « manips » scientifiques.

Ces quads sont des véhicules très dangereux. Les quatre roues donnent l'illusion de la sécurité or le centre de gravité est très haut et les retournements sont fréquents sans compter les risques d'éjection. En Guyane, les accidents graves liés au quad sont un vrai problème de santé publique.

Ici se rajoute le risque de passer à travers la banquise. Quand celle-ci  est épaisse comme encore actuellement avec plus d'un mètre d'épaisseur, et selon la température, elle permet de supporter jusqu'à 50 tonnes. À partir d'octobre, elle commence à fondre sournoisement par en dessous et parfois très rapidement. Comme tous les ans des marcheurs se feront ainsi piéger et c'est pourquoi les sorties sur la banquise ne se font pas seul et équipé d'une corde. Pour les véhicules, il est difficile de les rattraper et  quelques  vieilles épaves amusent déjà nos poissons locaux autour de l'île des Petrels. L'utilisation est donc très encadrée et limitée au travail.