dimanche 1 janvier 2012

Bonne année 2012:moucheron, avion et petards


Un petit post pour vous souhaiter une Bonne année 2012 et vous conter mon réveillon bien différent de ceux que j'ai passé à Maripasoula.


Le soir du passage de la nouvelle année dans ce petit village de 7000 habitants ne Guyane, il règne comme une ambiance de guerre civile dans un village de brousse africaine. Point d'échauffourée entre les multiples ethnies mais dès le coucher du soleil à 18h, une pétarade invraisemblable, des éclairs et des explosions envahit la nuit moite en atteignant son paroxysme à minuit. Acheté au Surinam frontalier et absolument interdit de vente en France, cet arsenal de fusée, de pétards en mitraillette ou seul mais gros comme des mortiers, nous font sursauter et
 sont souvent l'occasion d'accidents que nous nous redoutions de voir débarquer au Centre de Santé.
Le grand gagnant en 2008 en avait jeté un dans un récipient plein d'essence ! Belle brûlure de la moitié du visage chez un jeune de 14 ans, qui heureusement a cicatrisé sans séquelles.

Maripasoula 

Les seules explosions que nous avons entendues en Antarctique au premier de l'an sont les bouchons de champagne qui ont sauté à la fin de l' excellent repas de réveillon. Celui-ci comprenait foie gras avec confiture de figues, langouste, rôti de veau dans un croustillant et un gâteau « aux quatre chocolats ».


Peu avant minuit, soit 9h avant la France, est arrivé le compte à rebours et les inévitables voeux. Le traditionnel « bonne année, bonne santé » aux nouveaux hivernants, prends alors tout son sens en Antarctique. Rappelons qu'aucune évacuation sanitaire n'est possible pendant 8 mois à partir du mois de mars.


Notre pensée est venue rapidement aux passagers de l'Astrolabe, notre bateau ravitailleur, qui nous avaient quitté il y a deux jours en emportant une partie de nos camarades d'hivernage. D'après les dernières informations, ils devaient passer leur réveillon dans les « 50ième hurlants » en pleine tempête. Les voilà donc assuré d'une gueule de bois jusqu'à leur arrivée en Tasmanie dans cinq jours.

Un ISI: un Insecte en Situation Irrégulière

Pendant le repas, j'ai eu la surprise aussi de voir mon premier ISI de Terre Adélie, « un Insecte en Situation Irrégulière ». C'était un moucheron vivant mais un peu léthargique posé sur une coupe de champagne. Alors que je m'extasiais et le montrais à mes voisins, une scientifique en bout de table m'a interpellé en disant « tues-le, écrases-le ! ».

 J'étais estomaqué. Je ne savais pas si c'était une phobique invétérée, une sadique d'invertébrés, ou au contraire une fille pleine de compassion vers cet insecte solitaire et souffrant. Puis j'ai réalisé tout simplement qu'elle tenait simplement à respecter scrupuleusement le traité de Madrid qui protége le continent Antarctique de l'introduction de nouvelles espèces
quelqu'elles soient 



Vers une heure du matin, alors que je discutais dehors j'ai aperçu dans le ciel, éclairé par le soleil de minuit, un OVIA –un "Objet Volant Inhabituel en Antarctique". Il s'agissait d'un Boeing 747 volant assez bas au-dessus de la base, mais suffisamment haut pour ne pas l'entendre. Il était venu également l'année dernière et on m'avait expliqué qu'il transporte des touristes fortunés qui fêtent leur réveillon en survolant l'Antarctique. Tout le monde est sorti lui faire des grands signes comme des naufragés désespérés…que nous n'étions pas.



un OVIA: Un objet Volant Inhabituel en Antarctique

Effectivement, je mesure la chance que j'ai que j'ai d'être dans un lieu qui permette de m'émouvoir de la simple vue d'un moucheron ou d'un avion dans le ciel ! Et ce sans craindre qu'un pétard ou un coup de feu ne vienne me faire sursauter.

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