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L' EXPEDITION RACINES DE GLACE EN 2004


Histoire de l'expédition



Cette expédition a été initiée par Céline Espardellier, en hommage à son grand-père, Alain Joset, géophysicien, disparu accidentellement au Groenland en 1951, à bord d’une chenillette Weasel, au cours de l’une des campagnes des Expéditions Polaires Françaises, menée par Paul-Émile Victor. Le véhicule à chenilles, en tombant dans une crevasse, entraîna également la disparition de Jens Jarl, représentant du gouvernement danois.


L'inlandsis

Le Groenland est une ancienne colonie danoise devenue autonome mais qui reste très dépendante économiquement du Danemark. Il est peuplé de 50 000 habitants (Inuits) très métissés.

 
L'inlandsis est un énorme glacier qui constitue 85 % de la surface du Groenland. Il est entouré par des reliefs culminant entre 500 et 2000m d'altitude. Quelques stations scientifiques ou militaires américaines y sont installées mais elles ne sont plus habitées ou très occasionnellement. La calotte est donc un désert de glace qui culmine à environ 2500m avec des températures polaires entre -50°C et 0°C, en fonction de la saison et de l'altitude.
Il existe un régime de vent permanent. Il s'agit d'un air de forte densité qui s'écoule le long du relief par gravitation, pouvant dans certaines conditions atteindre des vitesses très importantes jusqu'à plus de 300 Km/h. On les appelle des vents catabatiques.


Les précipitations neigeuses se font essentiellement en hiver. Au centre de cette calotte glaciaire, la neige est ensuite tassée naturellement ou après transport par le vent, puis elle se transforme en glace qui s'écoule entre les reliefs, ceinturant le pays par de gigantesques glaciers.


Les traversées de l’inlandsis

Ces traversées de la calotte glaciaire sont des expéditions assez classiques dans le milieu polaire, et tous les ans entre cinq et dix équipes tentent cette traversée dans différentes versions. La plus facile se fait dans le sens Est-Ouest un peu plus au Sud sur une distance de 350 km. Ces traversées ne se font pas avant le printemps pour des raisons climatiques et de manque de luminosité. Elles ne se font pas après le mois de juin car la fonte des neiges sur le début du parcours entraîne une neige collante, des crevasses ouvertes ou avec des ponts de neige fragiles, des franchissements de bédières (ruissellement de fonte sur un glacier pouvant creuser de larges sillons), et des contournements de lacs ou de crevasses.
Le gouvernement danois contrôle ces traversées car elles restent dangereuses, et les secours sont coûteux, voire impossibles parfois. Pour toutes ces expéditions, l'Institut polaire danois vérifie le matériel de sécurité, le sérieux du projet et des participants, et la souscription d'une assurance spécifique.
Les risques sont essentiellement les accidents liés au froid (hypothermie, gelures). Ceux-ci sont parfois précipités par des vents forts. Il faut également se méfier de la forte luminosité qui peut provoquer des kératites ophtalmiques. Il existe aussi un risque accidentel lié aux crevasses que l'on trouve en début et en fin de parcours. L'activité physique peut être source de problèmes moins spécifiques. Le stress, dans ce milieu hostile, peut générer des pathologies et des problèmes relationnels. Enfin, l'isolement accentue tous les problèmes médicaux.
La gestion des risques repose donc sur une bonne connaissance de la (sur)vie en milieu polaire, sur une gestion précautionneuse du matériel, et sur des mesures de prévention simple. On cite au passage des accidents classique et dramatique: perdre un gant ou sa tente dans le vent, se perdre dans le blizzard à quelques mètres du campement.
Les secours peuvent intervenir uniquement par beau temps, vent modéré et bonne visibilité. Il s'agit en général des hélicoptères, jusqu'à 150 km de leur base. Au-delà, des avions spéciaux pouvant se poser sur la neige sont indispensables, mais le délai est plus long car les pilotes doivent venir du Danemark.


Vie et autonomie en milieu polaire

La traversée en autonomie totale signifie que la traversée se fait à ski en tractant un traîneau individuel appelé « pulka » ou est entassée la nourriture (50 kg), les vêtements, les matériels de bivouac, d'habillement et de sécurité (60 kg) et d'autres matériels moins indispensables (30 à 40 kg). Au total, la charge est de 150 kg en moyenne par personne. Cette charge est importante mais en condition de glisse habituelle sur la calotte et en terrain plat, cela revient à force de traction de 15 à 20 kg.

La nourriture consiste en des rations individuelles préparées avant l'expédition contenant des plats lyophilisés, et des aliments à haute valeur énergétique. Chaque ration pèse environ 1 kg, et contient plus de 5 800 Kcal. La boisson est de l'eau de neige fondue grâce à un réchaud à kérosène, et stockée dans des thermos.
Le bivouac consiste en une tente dite « igloo » haubanée, et protégée par un mur de neige de un mètre de haut. De la neige est également appliquée sur les rebords de la toile pour en diminuer la prise au vent. Une excavation sur l'abside de la tente est également creusée pour faciliter les entrées et les sorties. Le montage du camp prend environ une heure. Pour éviter la condensation et le risque de brûler une unique tente, une deuxième tente dite « tente mess » est parfois montée. Quand les conditions le permettent, il est possible de créer également un petit abri avec des briques de neige tassée pour dîner à l’extérieur.

Alain Joset

convoi de Weasel sur l'Inlandsis

Le parcours

traction des pulkas 130-140kg

Bivouac avec soleil de minuit et des vents catabatiques

Vents catabatique à plus de 80 km/h